Cette première recherche a été un parcours initiatique. C'est elle qui m'a poussée à devenir thérapeute. La violence et les injustices que j'ai étudiée étaient d'une telle ampleur que le monde social m'est devenue insoutenable. Le seul moyen de pouvoir m'y inscrire encore était de trouver des remèdes. La question qui m'a occupée à la suite de ce travail est la suivante : comment guérir du monde social ? comment guérir des violences et des psychotraumas qu'il crée en divisant sans cesse ?

 

C'est durant cette période que le chamanisme s'est invité dans ma vie et que je me suis tournée vers la psychanalyse. Mon esprit scientifique et mon engagement en faveur d'une société plus juste et responsable restant intacts, j'ai choisi de continuer la recherche de manière clinique c'est à dire en faisant de moi-même et de mon cabinet un terrain d'observation. A la différence de la recherche strictement académique et théorique, la recherche clinique vise à produire avec les enquêtés un savoir maïeutique et pragmatique qui puisse servir aux différents membres de la société.

 

A travers les données collectées en entretien, j'interroge les psychotraumas transgénérationnels et je cherche à comprendre ce qu'apporte le chamanisme dans les itinéraires thérapeutiques. Je croise, parallèlement, les savoirs issus de différentes traditions (africaines, amérindiennes, européennes...) dans une perspective de sociologie et d'anthropologie comparées des religions. L'objectif, plus largement, est d'interroger la notion de guérison.